CHAPITRE VII
Retour à la « Villa des Mouettes »
Les quatre enfants étaient tellement surpris qu’ils demeurèrent silencieux pendant quelques instants. Ils ne pouvaient détacher leurs yeux de l’épave sombre, se demandant tout bas ce qu’ils découvriraient à l’intérieur. Puis, François prit le bras de Claude et le serra avec force.
« N’est-ce pas merveilleux ? murmura-t-il. Oh ! Claude, quelle chose extraordinaire, ne trouves-tu pas ? »
Claude continua à se taire, fascinée par l’épave. Mille pensées tourbillonnaient dans son esprit. Puis elle se tourna vers son cousin.
« Qui sait si l’épave m’appartient encore à présent qu’elle est remontée à la surface ! soupira-t-elle.
J’ignore si les épaves ne reviennent pas à l’État. En tout cas, ce bateau naufragé était jadis la propriété de ma famille. Personne ne s’en est beaucoup soucié quand il était au fond de l’eau… mais crois-tu qu’on me le laissera maintenant qu’il est de nouveau à flot ?
— C’est simple ! Ne disons rien à personne ! proposa Mick.
— Ne sois pas stupide, grommela Claude. Il est évident que le premier pêcheur qui viendra dans les parages repérera l’épave et en parlera aux autres. La nouvelle ne tardera pas à être connue de tout le monde.
— Eh bien, alors, dépêchons-nous d’explorer ce vieux navire avant que personne puisse y grimper ! suggéra Mick avec ardeur. Nul n’est encore au courant… que nous autres. Sans doute pourrons-nous monter à bord dès que la marée sera basse.
— Ne te fais pas d’illusions, répondit Claude. Il est impossible d’atteindre l’épave à pied. Il sera sans doute assez facile de l’approcher avec notre canot mais en ce moment le risque est encore trop grand : la mer est toujours grosse. Même à marée basse, avec cette tempête, la tentative serait dangereuse, tu peux en être sûr.
— Dans ce cas, pourquoi ne pas revenir ici demain matin de bonne heure ? proposa François. Je pense que d’ici là personne ne viendra rôder de ce côté. J’ai idée que si nous pouvons être les premiers à monter à bord nous y trouverons quelque chose… autant qu’il y ait quelque chose à découvrir !
— Oui, c’est possible, répondit Claude. Je vous ai dit que des scaphandriers avaient plongé et visité l’épave aussi bien qu’ils l’avaient pu, mais je suppose que de telles recherches ne sont pas très faciles au fond de la mer. Il se peut que quelque chose leur ait échappé… Toute cette histoire me fait l’effet d’un rêve. Je ne peux pas arriver à croire que ma vieille épave soit remontée à la surface comme cela ! »
Le soleil, à présent, avait reparu pour de bon et les vêtements mouillés des enfants commençaient à sécher. Une légère vapeur se dégageait des chandails et des shorts… et même des poils du brave Dagobert. Contrairement aux enfants, le chien n’avait pas l’air de beaucoup apprécier l’apparition de l’épave. Il grondait en la regardant.
« Que tu es bête, Dag ! dit Claude en lui caressant la tête. Tu n’as rien à craindre ! Ce n’est qu’un vieux navire !
— Il croit sans doute que c’est une baleine ! suggéra Annie en éclatant de rire. Oh ! Claude, voilà le jour le plus sensationnel de toute ma vie ! Vraiment, il n’y a pas moyen de prendre le canot et d’essayer d’aborder l’épave ?
— Non, je te le répète ! répondit Claude. Et pourtant, ce n’est pas l’envie qui m’en manque.